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NOTE DE SYNTHESE

L'électronique des récepteurs GPS



1 Introduction

Le GPS, ou Global Position System, également connu sous le nom de NAVSTAR, est un système de radionavigation mis en œuvre et exploité par le département de la défense américain (DoD).

Il s'appuie sur une constellation de 24 satellites artificiels en rotation sur des orbites moyennes (MEO), répartis de façon à ce qu'il y ait toujours 5 à 8 satellites ''visibles'' en tout point de la terre.

Le DoD assure le contrôle des satellites et met à jour leurs bases de données embarquées à partir de stations terrestres réparties sur le globe (en territoire allié).

Conçu principalement pour un usage militaire, le système GPS peut être utilisé pour de nombreuses applications civiles, mais avec une précision dégradée.

Après avoir expliqué sommairement le fonctionnement du positionnement par GPS, nous nous intéresserons plus particulièrement à la conception électronique des récepteurs GPS.
 
 

2 Principes de fonctionnement

a) le signal GPS:

Les satellites émettent en permanence en bande L sur les 2 fréquences:

La porteuse L1 est modulée par un signal (f=1,023 Mhz), le code C/A (Coarse Acquisition), aussi appelé ''gold code''. Il s'agit d'un code binaire ''pseudo aléatoire'' de 1023 bits, assurant une signature propre et unique à chaque satellite, synchronisé sur l'horloge interne du satellite.

L1 et L2 sont modulées par un signal à 10,23 Mhz, le code P, souvent crypté (code Y) et à usage militaire.

Enfin, un message de navigation de 1500 bits, constamment mis à jour, est émis à 50hz sur L1 et L2. Ce signal contient les informations de position des satellites (éphémérides) et d'autres informations.

b) calcul de la solution de position:

Le GPS est conçu pour indiquer, dans un référentiel donné, la position P(x,y,z) d'un récepteur (sur terre ou dans l'espace).
Si à un instant t, l'on connaît précisément les positions S1(x1,y1,z1), S2(x2,y2,z2) et S3(x3,y3,z3) de 3 satellites et les distances d1, d2, d3, séparant P de respectivement S1, S2 et S3, on sait, par triangulation, calculer P(x,y,z) en résolvant les 3 équationsformule savante, et en choisissant la solution réaliste parmi les 2 trouvées.

Les distances di sont les produits des durées Ti de transfert du signal, entre les satellites et le récepteur, par la vitesse v de propagation des ondes dans l'éther (proche de la vitesse de la lumière): di = vTi.

les signauxSi Trec est le temps récepteur, et Tsat le temps GPS, on a Ti = Trec - Tsat. Or, si les satellites sont munis d'horloges stables et synchronisées, l'horloge récepteur est déphasée de Ç t par rapport au temps GPS, donc Ti = (Trec + Ç t) - Tsat, avec di=v.Ti la ''pseudo distance'' entre P et Si. Ç t est une inconnue supplémentaire. Une quatrième équation est nécessaire pour trouver la solution P(x,y,z) et le système devient: formule plus savantei=(1,2,3,4), où x,y,z et Ç t sont les inconnues.

Il est donc nécessaire de capter le signal d'au moins quatre satellites pour proposer une solution de position. Nous verrons que la détermination de Ç t est une fonction clef des récepteurs.
 
 

3 Les récepteurs

Les applications civiles du GPS sont très nombreuses:

- loisirs (récepteurs portatifs sur batterie avec écran LCD),

- navigation maritime,

- aviation,

- localisation de véhicules, aides à la circulation,

- cartographie et géodésie,

- espace (pilotage de satellites),

- bases de temps,

- recherche scientifique,

- etc...

On trouve donc sur le marché de nombreux types de récepteurs, du portatif distribué à moins de 100 US$ au récepteur millimétrique à 50 000 US$.

récepteur GPS complèt. Voyez la  taille!

On peut classer les récepteurs civils selon leurs modes de fonctionnement:

a) par mesure de phase:

Ces récepteurs procèdent à une analyse de la phase des porteuses L1 et L2. Associés à une mesure différentielle (voir encadré), ils permettent une précision quasi millimétrique. Ces solutions sont toutefois complexes à mettre en œuvre et les coûts de tels récepteurs sont conséquents.

b) par corrélation:
Ces récepteurs déterminent la solution de position par traitement numérique des codes transmis (notamment du code C/A). Ils sont largement employés car peu onéreux. Leur précision ne peut dépasser 5 m (au mieux et en mode différentiel).

Nous étudierons principalement les récepteurs de cette dernière catégorie dans la suite de cette note. Ils sont les plus représentatifs du marché.
 
 

Un récepteur GPS doit assurer les fonctions suivantes:

 
 

4 L'électronique des récepteurs
 
 

Il est aujourd'hui possible de réaliser facilement un récepteur GPS. Plusieurs fournisseurs proposent des circuits intégrés (en général un RFIC associé à un DSP/ASIC) assurant les fonctions énumérées ci-dessus (Motorola, SiRF, Trimble, GEC Plessey, Marconi, Rockwell, etc...)

Les OEMs pourront également acquérir, après des mêmes fabricants, des modules entièrement câblés pouvant être intégré dans un produit fini (à partir de 35 US$)

Le schéma ci-dessous (doc Trimble) représente l'architecture typique des récepteurs:

synoptique d'un récepteur

La porteuse L1 est filtrée et amplifiée (ampli à faible bruit) dans l'antenne active. Après passage dans un filtre passe-bande, le signal est traité par double conversion dans un circuit RFIC frontal pour être abaissée à une FI d'environ 10 Mhz puis converti en numérique sur 2 bits, toujours dans le même circuit.

Le signal numérique est envoyé à un DSP/ASIC, qui assure les mesures de pseudo distances par corrélation (ici sur 8 canaux) et le décodage des informations de navigation. Le corrélateur est asservi par un microprocesseur 32 bits intégré.

Ce microprocesseur assure également le calcul des solutions de position et de temps. Le code et les données sont stockées dans une PROM et une RAM externe. 2 interfaces série permettent de recevoir les commandes utilisateur (et éventuellement les données DGPS) et de fournir les solutions pour affichage ou traitement.

Une base de temps synchronisée par un quartz externe complète l'ensemble.

L'alimentation de ces circuits se fait sous 0,+5V ou même 0,+3V (2 piles AA suffisent). La consommation est réduite (moins de 180 mA pour tout le module)

Le tout tient sur un circuit d'une taille inférieur à une carte de crédit.
 
 

Etudions maintenant en détail les 2 principaux composants:

 a) le circuit RF

Exemple illustré par le MRFIC1502 de Motorola

étage HF
L'antenne est raccordée à la broche 44. Après amplification, le signal arrive dans le 1er mélangeur et est mixé avec la sortie du VCO (centrée à 1527,7 Mhz). Le filtre passe-bande (composants passifs externes, entre les broches 39 et 40), élimine les harmoniques indésirables. Réamplifié, le signal est ensuite multiplié dans un second mélangeur avec une fréquence de 38,1915 Mhz (on remarquera le traitement différentiel). La FI (9,5 Mhz) est disponible sur la broche 32.

Le VCO est asservi par une PLL, dont la fréquence de référence provient de la broche 18 (Quartz nécessaire), et l'on voit aisément le circuit de bouclage sur le circuit.

Les alimentations des amplis, du VCO, de la PLL sont séparées pour éviter toute interférences et découplées par des condensateurs d'une dizaine de pF (broches 4, 19, 28, 31, 42)

Motorola n'effectue pas la conversion A/N dans ce circuit RF, mais propose une sortie de synchro sur la broche 21.
 
 

b) le DSP

ASIC GPS
Exemple illustré par le GP2021 de GEC Plessey. Le circuit est proposé dans un boîtier 80 broches.

Le GP2021 assure la corrélation du code C/A sur 12 canaux parallèles. Il y a un module par canal. Il est donc possible de poursuivre 12 satellites simultanément.

Le signal numérisé sur 2 bits est analysé par le corrélateur, dont le fonctionnement sera précisé ci-dessous. Ce traitement permet de déterminer la pseudo distance entre le récepteur et chaque satellite ainsi que les informations de navigations modulées dans le code C/A.

Le résultat est déposé dans des registres, lus par un bus de données de 32 bits. Ce même bus permet de contrôler les modules corrélateurs. Ici, un microprocesseur externe est nécessaire. Le circuit assure l'interface. Une interface parralèlle/série gère de 2 ports de communication. Enfin, une fonction d'horloge, pilotée par une base de temps externe, synchronisée sur le circuit RF, assure le cadencement à 40 Mhz du circuit.

Les modules de corrélation mérite une analyse plus approfondie. Rappelons d'abord que le code C/A de chaque satellite est noyé dans le bruit ambiant, et est donc difficilement discriminable. L'idée est de comparer un code C/A identique à celui d'un des satellites, mais généré par le récepteur (pseuso-code), et ré-émis toutes les ms. On multiplie les 2 codes (bit à bit) dans un registre (accumulateur). Si les 2 codes sont corrélés (en phase), le niveau du registre sera maximum. Lorsque cette condition est remplie, on mesure le Ç t entre le top horloge du récepteur et l'instant de la corrélation. On détermine ainsi la pseudo distance tant recherchée (rappelons que ce traitement se fait simultanément dans 12 modules).
 
 

Nous voyons ci-dessus un module de corrélation du GP2021.

corrélateur

On remarque le générateur de code C/A, et la comparaison avec du code généré avec le code cherché dans le signal. La DCO (Digital Clock Oscillator), assure le phasage correct des codes satellite et récepteur (compensation de l'effet Doppler modifiant la fréquence du code satellite). Il y en fait 4 registres par canal, afin de traiter simultanément la phase et l'amplitude du signal.
 
 

5 Conclusion

La technologie du GPS est complexe. Elle fait appel à des disciplines variées: électronique analogique et numérique, traitement du signal, hautes fréquences, géodésie, cartographie, espace, astronomie, génie logiciel, mathématiques, etc...

Toutefois, il est possible de réaliser facilement des récepteurs de précision acceptable, à faible coût. Ceci est du au haut degré d'intégration des circuits proposés par les fondeurs.
 
 

Cette étude nous a permis d'appréhender les principes de base du GPS et de la technologie des récepteurs, qui

étaient pour nous un mystère. Nous aurions bien sur pu vous en dire d'avantage, mais nous avons tenté de nous en tenir au nombre de pages convenu.


 A PROPOS DE LA PRECISION


Les concepteurs du GPS ont volontairement limité la précision des applications civiles du GPS et proposent un service standard (SPS, Standard Postioning Service) alors que les récepteurs militaires, munis de clefs de décryptage du code P(Y) on accès un service plus précis (PPS, Precise Positioning Service).
 
 

Les imprécisions sont dues à de nombreux facteurs:

La précision théorique, en mode SPS/SA, est de 100 m horizontalement, 156 m verticalement. Si ceci est largement suffisant pour un randonneur parcourant le désert malien, cela ne convient pas pour un relevé topographique d'un lotissement de banlieue.
 
 

Il existe plusieurs solutions pour obtenir plus de précision dans les solutions de position:

Cette dernière solution, facile à mettre en œuvre, est illustrée par le schéma ci-dessous

Principe:

Un récepteur fixe, à une position connue, fait une mesure GPS. L'écart entre le résultat de la mesure et la position connue est transmis, par voie hertzienne, aux récepteurs ''clients'' de sa zone de couverture. Il suffit à ces derniers de d'ajouter l'écart reçu à leurs propres mesures pour obtenir, par différence, une solution de position corrigée. Cette solution offre une précision satisfaisante avec des récepteurs classiques (quelques mètres). Le message d'écart est normalisé (RTCM-104 Radio Technical Commission for Maritime Services) et les la plupart des récepteurs du marché savent l'acquérir sur un port RS-232 et le traiter dans leurs algorithmes.
 


Références :


A Publications:

B Documents électroniques (WEB):

Les sites traitants du GPS sont abondants. Voici notre sélection:

Après avoir consulté les 2 sites ci-dessus, plus d'excuses, vous devriez avoir compris les principes de base du GPS.

Enfin, l'index publié à http://www.ghgcorp.com/wagenx/gps.htm vous permettra de trouver rapidement d'avantage d'informations.
 
 

Les sites des fabricants de circuits intégrés ou de modules GPS, destinés aux OEMs, ont cependant été notre principale source de documentation:



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